AAPPQ
14/12/2020
Depuis le début de la pandémie, l’AAPPQ suit de près l’évolution des conséquences de la crise de la COVID-19 sur la situation de ses membres et a réalisé un 3e sondage* entre le 3 et 10 décembre 2020. Plus de 100 firmes de toutes tailles et de toutes les régions du Québec ont répondu, permettant de tirer quelques enseignements. Si la majorité des firmes constatent vivre des difficultés liées au contexte, que ce soit au niveau de la productivité de leur bureau ou de la baisse de leurs revenus, la situation est très contrastée en fonction des marchés des firmes et de leur taille.
*Vous pouvez consulter les résultats des deux premiers sondages ici : sondage mars 2020 et sondage mai 2020
Une productivité affectée pour la grande majorité des bureaux
Près des ¾ des firmes répondantes (72.38 %) estiment que la productivité de leur bureau est moins bonne qu’avant la crise. Si 46.67 % des bureaux évaluent cette perte de productivité entre 10 et 20 %, presque 21 % d’entre eux pensent qu’elle a baissé de 30 %. Les principales raisons évoquées pour expliquer cette moins bonne productivité sont, par ordre d’importance, le télétravail moins efficace, la disponibilité des salariés, mais aussi des collaborateurs d’un projet, ainsi que l’augmentation des tâches pour les gestionnaires et les ressources humaines moins disponibles (garde d’enfants, quarantaine, etc.).
Pour 24 % des répondants, la productivité de leur bureau n’a pas changé, et pour 4 % elle est même meilleure qu’avant. La principale raison évoquée est la réduction du temps des déplacements et pour 1/3 d’entre eux les nouvelles technologies qui permettent d’être plus productif. Parmi ces 28 % qui voient un effet nul ou bénéfique sur leur productivité, notons que cela concerne principalement les plus petits bureaux, notamment de 1 à 2 personnes. Aucune firme de plus de 20 personnes n’estime avoir la même productivité ou une meilleure productivité qu’avant la crise.
La baisse de productivité constatée par les ¾ des répondants affecte plusieurs activités, principalement la production de plans et devis (20.23 % des réponses) et des concepts (11 %), les tâches de coordination (17.56 %) et le développement des affaires (14.89 %). Par rapport au sondage effectué en mai, nous constatons une nette augmentation de l’impact de la pandémie sur la production de concepts et de plans (31 % aujourd’hui contre 14% en mai). Il semble que le travail à distance complique les activés demandant créativité, échange et coordination. Par ailleurs, plusieurs répondants évoquent le manque de lien social interne au bureau comme un élément pouvant également expliquer la baisse de productivité et de motivation.
Des conséquences contrastées sur les revenus
Le niveau de revenus de 22 % des firmes n’a subi aucune baisse et pour 18 % des répondants, leurs revenus ont même connu une augmentation par rapport à la période d’avant mars. Pour 40 % des bureaux, il n’y a donc pas de conséquences financières négatives liées au contexte de pandémie. En revanche, pour 60 % des répondants, une baisse de revenus est constatée. Rappelons qu’en mai, 83 % des firmes estimaient que leurs revenus avaient baissé. La situation semble donc s’améliorer pour une partie des bureaux membres, la reprise rapide du secteur et les investissent publics dans certains projets ayant certainement limité les impacts négatifs.
Concernant les bureaux qui ont enregistré une baisse de revenus, près d’un quart estime cette baisse entre 10 et 20 %, alors qu’un autre quart l’estime à plus de 20 %. Aucune tendance nette ne permet de lier la taille de l’entreprise à l’évolution des revenus (à la hausse ou à la baisse), celle-ci étant certainement davantage liée aux types de marchés dans lesquels les firmes sont présentes. Néanmoins, toutes les entreprises qui ont enregistré une baisse de revenus de plus de 40 % sont toutes des petites entreprises de moins de 3 personnes.
Annulation et report de projets, opportunités de contrats : le secteur privé principalement touché
Depuis la reprise des activités du secteur de la construction en mai, les 2/3 des répondants ont constaté des reports de projets, parmi lesquels 35 % sont attribués au secteur privé commercial dont les restaurants, les bars et l’hôtellerie, qui sont des secteurs très touchés par la crise. 25 % des reports sont attribuables au secteur public des ministères et organismes, tandis que plus de 18 % ont constaté des reports dans le secteur privé résidentiel.
38 % des répondants ont également constaté des annulations de projets, touchant pour plus de 66 % le secteur privé (commercial, industriel et résidentiel). Si cet impact sur le secteur privé était prévisible, il est à noter que le secteur public des ministères et organismes a également annulé des projets (23 % des répondants) ; nous pouvons supposer que certains projets ont dû être annulés pour en prioriser d’autres, notamment dans le secteur de la santé et de l’éducation.
Près de 83 % des répondants n’ont pas constaté de baisse d’opportunités de contrats, mais pour les 17 % concernés par cette baisse, plus de 70 % concernent le secteur privé.
Main d’œuvre : les firmes continuent d’embaucher et le télétravail restera une option
Pour 50 % des firmes répondantes, il n’y a eu aucune conséquence de la crise sur leur main d’œuvre et pour plus de 37 %, elles ont même embauché du personnel depuis le mois de mars. Ce résultat démontre que le marché de l’emploi dans les firmes d’architecture est toujours très actif, voire tendu.
Cette tendance concerne toutes les firmes, quelle que soit leur taille.
13 % des firmes répondantes ont dû mettre à pied du personnel en raison de la pandémie, de 10 % à 50 % du personnel. Rappelons qu’en mai, 50 % des bureaux répondants avaient mis du personnel à pied pendant les mois de confinement.
Concernant le télétravail, seulement 16 % des bureaux font travailler 100 % de leur personnel à distance alors que pour 50 % des firmes, un mélange de télétravail et de présence physique (de 10 % à 75 % du personnel simultanément) est proposé.
Il est étonnant de constater que pour 1/3 des répondants, plus de 75 % du personnel travaille simultanément au bureau. Ce résultat est certainement lié au manque de productivité constaté avec le travail à distance (voir première question), que les firmes essaient d’atténuer.
Pour les firmes répondantes, le télétravail restera une possibilité qui perdurera après la pandémie, sauf pour 18 % d’entre elles qui n’autoriseront pas le travail à distance. Pour près de 30 % des répondants, un maximum de 2 jours par semaine en télétravail serait autorisé alors que 13 % des bureaux permettront le travail à distance pour certaines tâches seulement. Seraient alors privilégiées toutes les tâches de production ne nécessitant pas de travail de coordination (rédaction, administration, vérification, etc.).
En conclusion, nous pouvons constater que les impacts de la crise sont relativement limités pour les firmes d’architecture, comparativement à d’autres secteurs d’activité. La situation s’est également nettement améliorée depuis le sondage effectué en mai dernier. Néanmoins, les bureaux font face à plusieurs enjeux liés à la baisse de la productivité et à la main d’œuvre, ce sondage démontrant également que les embauches au sein des firmes continuent à progresser. L’AAPPQ propose d’ailleurs à ses membres un webinaire sur les enjeux liés à la main d’œuvre en janvier prochain.
Par ailleurs, une part non négligeable de firmes constatent des baisses de revenus et des opportunités de contrats réduites, notamment dans le secteur privé commercial. Les annonces du gouvernement sur les investissements dans les infrastructures publiques pour compenser une éventuelle baisse des projets dans le secteur privé devraient aider à limiter les impacts de la crise, mais il faut que ces investissements publics puissent générer des retombées pour un maximum de bureaux et l’AAPPQ poursuivra ses représentations en ce sens. L’Association a d’ailleurs proposé un webinaire intitulé Marchés publics, comment y accéder, que vous pouvez revoir en cliquant ici.